Zine Andrieu a grandi dans plusieurs quartiers populaires de France. Une suite de hasards, de rencontres et de ruptures l’a mené vers un milieu qui lui était jusque-là étranger : celui de l’art contemporain. En 2017, il s’installe à Bordeaux pour entamer un parcours aux Beaux-Arts, dont il sort diplômé d’un DNSEP en 2022. Depuis, son travail explore les chocs culturels et les tensions entre héritage populaire et légitimité artistique. Représenter les réalités des quartiers populaires au sein d’un champ souvent codifié et élitiste lui est vite apparu à la fois comme un levier d’émancipation et une voie semée d’embûches, tant le risque de compromission de soi y semble latent. Il choisit alors de produire des formes hybrides – installations, performances, vidéos, pièces sonores – qui racontent des vécus intimes et collectifs, des aspirations et des fragments de quotidien. En questionnant sans cesse sa propre pudeur et celle de sa communauté, il évite de livrer une parole dénudée à un regard extérieur souvent distant. Ses œuvres, profondément stratifiées, fonctionnent comme des espaces à déchiffrer, où cohabitent des langages multiples : références aux mangas, aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux, à la religion, mais aussi aux mythes, récits et croyances qui circulent dans les quartiers. Le cinéma, dans sa diversité formelle, devient pour lui un terrain de convergence : il incarne à la fois une puissance narrative et un espace d’imaginaire partagé, capable de toucher un large public sans renier la complexité des récits. S’en rapprocher représente donc une étape essentielle dans son désir de conjuguer rayonnement populaire et exigence artistique.